-" T'es chiante MissCo, on ne peut pas compter sur toi quand on a besoin d'une épaule compatissante, parce qu'avec toi rien n'est jamais grave".

C'est ce que m'a dit texto une amie, il n'y a pas si longtemps.

J'ai donc fait ce que je fais toujours quand on me fait des reproches, j'ai refléchi.

Bon c'est vrai que je ne suis pas du tout, mais alors pas du tout complaisante. Il ne faut pas me contacter si l'on veut que je réponde que "oui c'est super grave", que "oh mon dieu, ma pauvre mais comment tu vas faire?, mais quelle horreurrrrrrrr" et que "putain fais chier la vie, quoi".

En fait, ce qui est drôle, c'est que les gens oublient souvent que j'ai eu plus que mon lot de galères, de misères et de coups du sort.

Beaucoup oublient, puisque je ne passe pas mes journées à ramper en geignant que j'ai une maladie grave et pénible et que ouais d'abord c'est pour moi que c'est le plus dur, alors la ferme.

Et du coup, souvent, on me sort, qu'on voit que je ne connais pas la galère!!

Me dire ça à moi!!! Moi je ne connais pas la detresse!!! Moi qui crevais de faim quand j'étais ado!!Qui n'avait pas assez de feuilles pour écrire mes cours!! qui n'avait pas d'habits corrects!! moi qui ai eu toutes les difficilcutés du monde à récupérer ma fille, que j'ai perdue de vue pendant pres de 2 ans!! moi qui ai failli passer les plumes à gauche un fameux soir de Décembre 2003!! Moi qui ne peut pas me lever le matin sans mon coktail Molotov à moi, bourré non pas d'essence mais de médicaments!! Moi qui lutte au quotidien pour vivre normalement!!

Moi qui passe mon temps à secouer, à booster tout le monde, au détriment souvent de ma fatigue permanente!!

Allons c'est une blague?

Justement parce que j'ai connu la galère, la grosse galère, et croyez moi je ne dis pas tout, justement, c'est pour ça que j'ai une capacité de régénération mentale extraordinaire.

Je ne suis pas quelqu'un de stressée, pas du tout. il paraît que c'en est même impressionnant. Quand l'hématologue m'a annoncée ma maladie, j'ai rien trouvé d'autre à dire à un Mister au bord de l'apoplexie un laconique : "jai faim, on va manger Chinois."

Je ne suis que très rarement déprimée, et quand ça arrive ça dure un quart d'heure top chrono.

Je crois que c'est la colère permanente qui m'habite en fait qui fait que j'ai cette mentalité là. Je suis en colère, contre tout plein de choses, qui me sont arrivées, et cette colère me pousse tous les jours.

-Mais dans la fond, qu'est ce qui est grave? ai-je répondu à ma copine

C'est vrai ça, qu'est ce qui est grave?

Avoir perdu un enfant! ou un être cher! N'avoir plus que 3 mois à vivre et le savoir!! Ca c'est gravissime!!

Je fais partie des gens qui pensent, qu'il y a une raison à tout. Et de celles qui pensent aussi qu' il y a toujours, mais toujours un coin, un tout petit bout de soleil en quelque part. Toujours.

Donc oui, quand on m'appelle pour me dire que ça ne va pas. Oui j'écoute. Oui j'entends.

Mais oui, je réponds toujours, qu'il faut tenir le coup, qu'il faut relever la tête et qu'il faut lutter. Je n'oublie jamais d'ajouter que ça en vaut la peine, même si je sais que c'est difficile.

Jamais je n'encouragerais quelqu'un dans la voie du "laisse-toi mourir et tais-toi"; du "alors tu déprimes bien là, j'espère parce que franchement, y a que ça à faire là pour ce qui t'arrive"

Je conçois que ça doit être énervant quand on s'attend à ce qu'on se roule par terre de compassion. Je compatis, évidemment, mais je ne peux pas dire autre chose que ": allez courage, ça va s'arranger, c'est obligé, garde espoir et surtout souris".

Mais non, je ne me roule jamais par terre, ça salirait mes vêtements, eh ouais, n'oubliez pas que j'ai toujours le style.